National Gallery

Ce double portrait révolutionnaire est l'un des tableaux les plus célèbres et les plus analysés de l'histoire de l'art. Van Eyck y représente le marchand italien Giovanni Arnolfini et son épouse dans leur intérieur flamand, mais cette scène apparemment simple cache une complexité symbolique et technique extraordinaire.

Chaque détail est porteur de sens : le petit chien symbolise la fidélité, la chandelle unique évoque la présence divine, les fruits sur le rebord de la fenêtre suggèrent l'innocence perdue. Le miroir convexe au fond de la pièce reflète toute la scène et révèle deux témoins, dont peut-être le peintre lui-même. La signature de Van Eyck au-dessus du miroir - 'Jan van Eyck fut ici' - transforme le tableau en document légal attestant du mariage. La maîtrise technique est stupéfiante : grâce à la peinture à l'huile, Van Eyck capture la texture du velours, la transparence du verre, le brillant du métal avec un réalisme jamais atteint auparavant.

Surnommée 'Vénus Rokeby', cette toile est l'unique nu féminin qui nous soit parvenu de Velázquez et l'un des rares nus de l'art espagnol, où l'Inquisition décourageait fortement ce genre. La déesse de l'amour est représentée de dos, contemplant son reflet dans un miroir tenu par Cupidon.

La composition est d'une audace remarquable : nous voyons le corps dans toute sa sensualité, mais le visage n'est qu'un reflet flou dans le miroir, créant un jeu subtil entre présence et absence, réalité et représentation. Les tons rosés et argentés de la chair contrastent avec le velours rouge sombre sur lequel repose Vénus. Le ruban gris qui liait autrefois les mains de Cupidon suggère que l'amour est désormais libéré. Cette célébration de la beauté féminine, peinte avec la touche libre et lumineuse caractéristique de Velázquez, a inspiré Manet, Goya et d'innombrables artistes ultérieurs.

Cette série de natures mortes représentant des tournesols dans un vase est devenue l'une des images les plus iconiques de Van Gogh et de l'art moderne. Peinte à Arles lors de sa période la plus productive, cette œuvre célèbre la beauté simple des fleurs tout en explorant les possibilités expressives de la couleur pure.

Van Gogh utilise différentes nuances de jaune - du citron pâle au doré profond - pour créer une harmonie chromatique vibrante et chaleureuse. Les touches épaisses, appliquées avec une gestualité visible, donnent aux fleurs une présence presque tactile. Certains tournesols sont épanouis, d'autres se fanent, suggérant le cycle de la vie. Cette série était destinée à décorer la chambre de Gauguin lors de son séjour à Arles, témoignant de l'espoir de Van Gogh de créer une communauté d'artistes. Ces tournesols symbolisent la lumière du Sud, la joie créative et l'aspiration de Van Gogh à la reconnaissance et à la fraternité artistique.

Cette toile majestueuse et mélancolique représente le remorquage du HMS Temeraire, glorieux navire de guerre de la bataille de Trafalgar, vers son dernier mouillage pour être démantelé. Turner transforme cet événement prosaïque en une méditation poétique sur le passage du temps, la fin d'une époque et le progrès inexorable.

Le vieux vaisseau blanc et fantomatique, symbole de la puissance navale britannique et des victoires napoléoniennes, est tiré par un petit remorqueur à vapeur noir et trapu, représentant la nouvelle ère industrielle. Le soleil couchant embrase le ciel et l'eau dans une symphonie d'ors, de roses et d'orangés, créant une atmosphère crépusculaire empreinte de nostalgie. La technique de Turner, avec ses glacis transparents et ses effets atmosphériques, dissout presque les formes dans la lumière pure. Cette œuvre, que Turner considérait comme son chef-d'œuvre, célèbre la gloire passée tout en reconnaissant avec mélancolie que toute grandeur est éphémère.